Ces termes et acronymes sont devenus populaires ou tendent à l'être. Derrière une façade un rien jargonneuse se cachent cependant de véritables voies d'accès à la Culture Scientifique Technique et Industrielle (CSTI). Dans un élan d'industrialisation, voire de ré-industrialisation de la nation, cette culture technique est le complément idéal de notre culture générale, fierté de nos écoles et de nos institutions. Bien évidemment les techniques ont évolué et le numérique est devenu une discipline incontournable, plus seulement pour le tertiaire. Aux rangs des grands ingénieurs qui ont construit des ponts majestueux, des usines productives et réussi à faire rouler, flotter ou voler des monstres d'acier, se sont ajoutés les maîtres d’œuvre des grands systèmes d'information.
Les "digital humanities", humanités numériques dans la langue de Voltaire, ont fait leur entrée dans le programme d'universités prestigieuses et reflètent bien l'impact humain et social du numérique. Les fablabs en sont l'illustration.
En effet, c'est une philosophie du partage et de l'expérimentation qui a présidé la mise en place de ce qui pourrait être vu comme un banal atelier de mécanique, avec des machines outils et des personnels capables de s'en servir. Mais ce sont en fait des lieux de rencontres, d'échanges et de transmission dans une recherche collective d'innovation. Ils disposent, en plus d'un espace de socialisation, des moyens techniques nécessaires pour concrétiser une idée, quelle concerne un produit complètement nouveau ou la réparation ou l'amélioration d'un produit existant. Le fablab est l'héritier des hacklabs et des hackerspaces", structures informelles dotées d'un projet politique et de la ferme conviction que la technologie n'était rien d'autre qu'une continuation de la politique par d'autres moyens, pour paraphraser Clausewitz. Moins idéologiques les fablabs ont gardé le principe du partage et de l'expérimentation en proposant des formations, des événements et des activités qui ne peuvent qu'enchanter les ingénieurs et favoriser des vocations chez les jeunes.
Ce qui relie à l'EdTech, ou technologie appliquée à l'éducation. Une visite du salon EduSpot (https://www.eduspotfrance.fr/), par exemple, montre à quel point la technologie peut intervenir en appui des enseignements et s'adapter à de nouvelles attitudes des apprenants, notamment par l'expérimentation directe assistée par ordinateur, l'ExAO. Celle-ci fait intervenir des microcontrôleurs pour que l'expérimentateur puisse réaliser et programmer lui-même des instruments de mesure dont la précision et la résolution n'égalent pas celles de matériels de laboratoires mais qui sont suffisantes pour fournir les bases et la pratique de la démarche expérimentale. Les données collectées peuvent et ensuite être analysées, interprétées puis valorisées par des graphiques, des cartographies et des visualisations novatrices. La technologie se met ainsi au service de la formation qui va à son tour intervenir massivement pour former aux nouvelles technologies.
Celles-ci se déclinent dans un acronyme à la sonorité vaporeuse : STEAM. Auparavant STEM, il est devenu STEAM après que le "A" de "Arts" lui soit ajouté pour inciter à appliquer le progrès technique aux talents créatifs. Le "S" de Science est collé au "T" de la Technique et le "E" de Engineering renvoie à notre discipline dont nous devons accepter à ce stade la forme anglophone. Le dernier est le "M" des Mathématiques et évoque l'art de la modélisation, de l'abstraction et du calcul.
Fablab, EdTech, STEAM et ExAO sont désormais, je l'espère, plus familier et leur intérêt pour le développement de la culture scientifique, technique et industrielle est certain.
Par Dominique MOLLARD Chargé de mission à IESF-IDF